samedi, mai 03, 2008

L'affaire Barrick Gold : le silence des médias


Avez-vous entendu récemment parler de l'affaire Barrick Gold? Peut-être un seul filet au téléjournal de Radio-Canada de 30 secondes et depuis... plus rien. Avec raison : Barrick Gold vient de menacer les auteurs du livre intitulé "Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique" aux éditions Écosociété dans lequel on dénonce les nombreux cas de violation des droits de l'homme et des règles environnementales par les compagnies minières canadiennes aux abords des grands lacs africains. La SLAPP intentée contre le collectif Ressource Afrique est probablement un des pires exemples jamais recensés au Canada de censure par intimidation. Venant d'une entreprise dont les exactions en Afrique sont connues depuis fort longtemps par des organisations internationales comme l'ONU, Amnisty International et Human Right Watch, cela nous montre que la liberté d'expression peut-être largement bafouée malgré le fait qu'elle soit inscrite dans la Charte canadienne des droits et libertés.

Le silence soudain des médias québécois et canadiens ajoutent à ce climat de persécution et d'intimidation par l'entreprise minière. Ce que l'on surnomme "le quatrième pouvoir" se met de facto au service de ces entreprises qui ont tout intérêt à ce que les informations et les témoignages relatifs aux "externalités" des activités minières ne s'ébruitent pas trop. Et pour cause : nous avons affaire à un livre qui ne reposent pas sur des suppositions, mais sur des faits qui ont déjà été rapporté par les médias dans les quinze dernières années. Pourquoi alors est-ce que ce livre fait mal? Il nous fait prendre conscience de la capacité des intellectuels de contester efficacement le pouvoir arbitraire des multinationales en situant dans la même trame discursive les événements entourant l'activité économique des entreprises minières dans la région des grands lacs, la guerre civile en RDC, les tractations diplomatiques entre le Canada et l'Afrique, ainsi que le rôle fondamental des paradis fiscaux dans le pillage planifiée des ressources minières. C'est parce que les auteurs de Noir Canada ont l'audace de dénoncer le lien inévitable entre l'exploitation minière et la guerre civile que les médias se taisent. Eux, qui pourtant, n'hésitent pas à critiquer le Canada dans le conflit afghan, le génocide au Darfour et la répression des tibétains par le régime chinois.

J'avoue que j'ai honte des médias canadiens qui protestent haut et fort lorsque la liberté des journalistes est brimée alors qu'ils se taisent aisément lorsque ce sont des intellectuels qui ont le courage de dire les choses telles qu'elles sont.