"Le jardin dévasté, les calices et les autels profanés, les Huns entrèrent à cheval dans la bibliothèque du couvent, déchirèrent les livres incompréhensibles, les abominèrent et les brûlèrent, craignant que peut être les lettres ne recélassent des blasphèmes contre leur dieu, qui était un cimeterre en fer".
-Borges, les théologiens.
Mais résumons l'histoire : Deux théologiens, Aurélien et Jean de Pannonie se livrent à un formidable duel théologique au sujet de la réfutation d'une secte chrétienne hérétique, les monotones, qui "professait que l'histoire était un cercle et qu'il n'est rien qui n'est déjà existé et qui un jour ne sera". Aurélien finit par contredire Jean de Pannonie au sujet de cette réfutation, qui valut à ce dernier d'être condamné au bûcher. Aurélien, à son tour, mourrut par la foudre qui incendia un arbre. La fin de l'histoire est susceptible d'intéresser notre nouveau pape.
"La fin de l'histoire ne peut être rapportée qu'en métaphores, car elle se passe au royaume des cieux, où le temps n'existe pas. Peut-être y aurait-il lieu de dire qu'Aurélien s'entretint avec Dieu et que celui-ci porte si peu d'intérêts au différends en matière de religion qu'il le prit pour Jean de Pannonie. Mais cela ferait croire à de la confusion dans l'esprit divin. Il est plus correct de dire qu'au paradis, Aurélien apprit que pour l'insondable divinité lui et Jean de Pannonie (l'orthodoxe et l'hérétique, celui qui haïssait et celui qui était haï, l'accusateur et la victime), étaient une même personne".