Vers tiré d'un poème de Karl Kraus...
- Fin officielle de ce blogue-
samedi, octobre 15, 2005
lundi, juin 13, 2005
La passion selon Max Weber
"On peut dire que trois qualités sont essentielles et décisives pour l'homme politique : la passion, le sentiment de responsabilité et le coup d'oeil. La passion au sens de l'attachement à une cause (Sachlichkeit) : se dévouer passionément à une cause (Sache), au dieu et démon qui l'ordonne, et non au sens de cette attitude intérieure que mon défunt ami Georg Simmel avait coutume de qualifier "d'exication stérile" et qui est le propre d'un certain type intellectuels, russe avant tout (non pas tous!), une attitude qui joue un rôle si important chez nos intellectuels également, dans ce carnaval que l'on pare du fier nom "révolution" : un goût romantique de l'excitation intellectuelle, fonctionnant à vide, sans aucun sentiment de responsabilité envers une cause (sachlich). Car la passion seule, aussi authentique qu'elle soit, ne suffit pas. Elle ne fait pas d'un individu un homme politique quand elle ne fait pas du service de la "cause", donc aussi de la responsabilité à l'égard de cette cause précisément, l'étoile qui guide l'action de manière déterminante. Et pour cela il faut le coup d'oeil (celui-ci est la qualité psychologique décisive à l'homme politique), c'est-à-dire la capacité de laisser agir sur soi les réalités, dans le recueillement intérieur et la tranquillité, donc : "la distance à l'égard des choses et des hommes". "L'absence de distance" purement et en tant que telle, est l'un des péchés mortels de tout homme politique et si on la cultive dans la jeune génération de nos intellectuels, elle les condamnera à l'incapacité politique. Car le problème est précisément de savoir comment la chaleur de la passion et la froideur du coup d'oeil peuvent être contraintes à habiter dans la même âme.
- Max Weber, Politik als Beruf
- Max Weber, Politik als Beruf
jeudi, juin 09, 2005
La chouette de Minerve
" Pour dire encore un mot sur la prétention d’enseigner comment doit être le monde, nous remarquons qu’en tout cas, la philosophie vient toujours trop tard. En tant que pensée du monde, elle apparaît seulement lorsque la réalité a accompli et terminé son processus de formation. Ce que le concept enseigne, l'histoire le montre avec la même nécessité : c'est dans la maturité des êtres que l'idéal apparaît en face du réel (Wirklichkeit) et après avoir saisi le monde dans sa substance le reconstruit dans la forme d'un empire intellectuel. Lorsque la philosophie peint sa grisaille dans la grisaille, une manifestation de la vie achève de vieillir. On ne peut le rajeunir avec du gris sur le gris, mais seulement la connaître. Ce n’est qu’au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son envol. "
- G.W.F. Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1821.
Avis aux hégéliens : Cette citation provient de la vieille traduction de Kaan des Principes. Je suis bien au fait que c'est une bien mauvaise traduction...
- G.W.F. Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1821.
Avis aux hégéliens : Cette citation provient de la vieille traduction de Kaan des Principes. Je suis bien au fait que c'est une bien mauvaise traduction...
mardi, mai 31, 2005
Tranche de vie : Du côté de Alt-Mariendorf
Il y a plus d'un ans, j'ai habité à Berlin dans un quartier appelé Alt-Mariendorf qui est un ancien village annexé aujourd'hui au quartier de Tempelhof. Une des particularité de ce quartier c'est qu'il y a un hippodrome (Trabrennbahn). J'habitait juste à côté, pouvant presque voir de la fenêtre de mon petit studio les chevaux courir. J'ai retrouvé dans un article de Kracauer des années 20 une description de ce village qui fait partie aujourd'hui de l'agglomération urbaine de Berlin.
"Mariendorf: Un faubourg de Berlin au sud de Tempelhof. On y arrive par une de ces rues interminables, toutes droites et bien trop larges, comme on en trouve dans les faubourgs de toutes les grandes villes. La circulation des véhicules y est assez irrégulières que les constructions. À gauche à l'arrière-plan, l'aéroport, plus loin, des cités, une sorte de grand building, la rase campagne. À l'arrivée se pressent trams, bus, automobiles; on dirait qu'ils tiennent un congrès de voiture ; marchands de glaces, marchandes de Bretzels, vendeurs de journaux résistent sous la chaleur de fin d'après-midi, qui est à couper au couteau et qui ne se dissipe pas. Quelques personnes dressées sur la pointe des pieds s'agglutinent autour d'un trou de la largeur d'une feuille dans la clôture en planche, derrière laquelle on entend le trot des sabots de chevaux"
"Alors commence un magnifique spectacle : la piste de course s'illumine, elle est un gigantesque anneau lumineux qui flotte librement, dans le bleu profond du ciel. Une tour au nord se met à rutiler, des guirlandes de perles brillantes scintillent sur les pavillons, les jockeys chatoient de toutes les couleurs, et la nuit s'emplit de bruits étranges. Je m'en vais avant la fin. Surt la tribune bon marché près de la sortie se pressent des jeunes gens ; sans doute des ouvriers d'usines. Les trams, les bus, les automobiles à l'extérieur tiennent toujours un congrès. Mais c'est comme ça dans tous les congrès : les gens ne savent pas s'arrêter de parler"
- Siegfried Kracauer. "Course de trot à Mariendorf", in Le voyage et la danse. Figures de ville et vues de films.
Aujourd'hui, Alt-Mariendorf est traversé d'un grand boulevard interminable où circule constamment des voitures et des bus, est habité par une classe moyenne populaire et de quelques étudiants dans une tour d'appartement entourée de parcs et de jardins. À côté de l'hippodrome, un immense complexe d'appartement où habitent une légion de personnes âgées qui eux, ont une vue directe sur le champ de course. Moi, je n'entendais de mon balcon que les bruits étranges et voyais de loin ce cercles lumineux luirent dans le ciel noir émanant du Trabrennbahn...
"Mariendorf: Un faubourg de Berlin au sud de Tempelhof. On y arrive par une de ces rues interminables, toutes droites et bien trop larges, comme on en trouve dans les faubourgs de toutes les grandes villes. La circulation des véhicules y est assez irrégulières que les constructions. À gauche à l'arrière-plan, l'aéroport, plus loin, des cités, une sorte de grand building, la rase campagne. À l'arrivée se pressent trams, bus, automobiles; on dirait qu'ils tiennent un congrès de voiture ; marchands de glaces, marchandes de Bretzels, vendeurs de journaux résistent sous la chaleur de fin d'après-midi, qui est à couper au couteau et qui ne se dissipe pas. Quelques personnes dressées sur la pointe des pieds s'agglutinent autour d'un trou de la largeur d'une feuille dans la clôture en planche, derrière laquelle on entend le trot des sabots de chevaux"
"Alors commence un magnifique spectacle : la piste de course s'illumine, elle est un gigantesque anneau lumineux qui flotte librement, dans le bleu profond du ciel. Une tour au nord se met à rutiler, des guirlandes de perles brillantes scintillent sur les pavillons, les jockeys chatoient de toutes les couleurs, et la nuit s'emplit de bruits étranges. Je m'en vais avant la fin. Surt la tribune bon marché près de la sortie se pressent des jeunes gens ; sans doute des ouvriers d'usines. Les trams, les bus, les automobiles à l'extérieur tiennent toujours un congrès. Mais c'est comme ça dans tous les congrès : les gens ne savent pas s'arrêter de parler"
- Siegfried Kracauer. "Course de trot à Mariendorf", in Le voyage et la danse. Figures de ville et vues de films.
Aujourd'hui, Alt-Mariendorf est traversé d'un grand boulevard interminable où circule constamment des voitures et des bus, est habité par une classe moyenne populaire et de quelques étudiants dans une tour d'appartement entourée de parcs et de jardins. À côté de l'hippodrome, un immense complexe d'appartement où habitent une légion de personnes âgées qui eux, ont une vue directe sur le champ de course. Moi, je n'entendais de mon balcon que les bruits étranges et voyais de loin ce cercles lumineux luirent dans le ciel noir émanant du Trabrennbahn...
mercredi, mai 25, 2005
Karl Jaspers
"Comparée à ce que fut au cours de ces époques; l'homme apparaît aujourd'hui coupé de ses racines : il se sait seulement placé dans une situation historique déterminée de l'humanité. C'est seulement aujourd'hui qu'apparaît de façon explicite la conscience évidente à elle-même dans laquelle il vivait jadis, et où s'unifiaient l'existence véritable et la connaissance qu'il en avait : la vie de l'homme nous paraît s'être écoulée dans une réalité voilée pour lui-même. Nous, par contre, nous désirons pénétrer jusqu'au fond de la réalité dans laquelle nous nous trouvons. C'est pourquoi il nous semble que le sol se dérobe sous nos pieds; car depuis que s'est écroulée cette unité, soustraite à toute question, nous ne pouvons plus atteindre que séparément l'existence et la conscience de cette existence en nous-même et dans les autres. Nous réfléchissons non seulement sur le monde, mais aussi sur la façon dont nous le concevons et nous mettons en doute la vérité de chaque conception. Derrière l'unité apparente de l'existence et de la conscience, nous apercevons de nouveau la dualité du monde réel et du monde pensé. C'est pourquoi nous nous trouvons engagés dans un mouvement qui réalise à la fois une modification de la connaissance et une modification de l'existence grâce à une modification de la conscience connaissante. Nous sommes happés dans le tourbillon irrésistible des dépassements et des instaurations, des pertes et des gains, nous y sommes entraînés passivement, en sorte que nous ne pouvons exercer qu'un instant notre activité à la place que nous occupons, dans un domaine d'efficacité toujours limité. Car nous n'avons pas d'expérience directe de la situation générale de l'humanité, nous ne pouvons la saisir que dans une situation historiquement déterminée, qui s'insère elle-même dans un enchaînement de situations."
- Karl Jaspers. Die geistige Situation der Zeit, 1931.
- Karl Jaspers. Die geistige Situation der Zeit, 1931.
dimanche, mai 15, 2005
Les civilisations closes
"Dans de telles limites le monde ne saurait être parfait et clos. Même si au-delà du cercle que les constellations du présent traçent autour d'un cosmos immédiatement vécu et destiné à recevoir forme, on pressent l'existence de puissances menaçantes et incompréhensibles, elles restent impuissantes à la priver de son sens. Capable de détruire la vie, elles ne sauraient attenter à l'être; elles peuvent jeter des ombres sinistres sur le monde qui a reçu forme, mais ces ombres elles-mêmes entrent dans le système des formes à titre de contrastes qui les font mieux ressortir. Le cercle métaphysique à l'intérieur duquel vivent les grecs est plus étroit que le nôtre; c'est pourquoi nous ne saurions y trouver notre place; ou mieux ce cercle dont la finitude constitue l'essence transcendantale de leur vie, nous l'avons brisé; dans un monde clos nous ne pouvons plus respirer. Nous avons découvert que l'esprit est créateur; et c'est pourquoi, pour nous, les archetypes ont définitivement perdu leur évidence objective, et notre pensée suit désormais le chemin infini de l'approximation toujours inachévée.
Nous avons découvert la création des formes et, dès lors, l'ultime achèvement manque toujours à ce qu'abandonnent nos mains lasses et découragées. Nous avons découvert en nous-même la seule vraie substance et, dès lors, il nous a fallut admettre qu'entre le savoir et le faire, entre l'âme et les structures, entre le moi et le monde, se creusent d'infranchissables abîmes et qu'au-delà de cet abîme, toute subtantialité flotte dans l'éparpillement de la réflexivité. Il a fallu, par conséquent, que notre essence devienne pour nous un postulat et qu'entre nous et nous-mêmes s'ouvre un abîme plus profond et plus menaçant."
-Georg Lukàcs. La théorie du roman.
Nous avons découvert la création des formes et, dès lors, l'ultime achèvement manque toujours à ce qu'abandonnent nos mains lasses et découragées. Nous avons découvert en nous-même la seule vraie substance et, dès lors, il nous a fallut admettre qu'entre le savoir et le faire, entre l'âme et les structures, entre le moi et le monde, se creusent d'infranchissables abîmes et qu'au-delà de cet abîme, toute subtantialité flotte dans l'éparpillement de la réflexivité. Il a fallu, par conséquent, que notre essence devienne pour nous un postulat et qu'entre nous et nous-mêmes s'ouvre un abîme plus profond et plus menaçant."
-Georg Lukàcs. La théorie du roman.
jeudi, mai 12, 2005
Un poème sur Max Weber
Certains s’étonneront du fait qu’il existe un poème qui a été écrit sur Max Weber. Son auteur, Friedrich Gundolf, un poète reconnu comme un disciple de Stefan George, avait connu le grand sociologue pour avoir fréquenté son cercle dans les années 1910. Le voici dans son intégralité. Certes, sa valeur poétique laisse à désirer, mais il témoigne de l'admiration que l'on portait à cette figure charismatique sous la république de Weimar.
MAX WEBER
Que nulle brume débordante ne se déverse
À travers les décennies qui maintenant usent de nous
Quelqu’un soumit encore les beaux et les héro
Par son verbe d’amour, de malédiction, de menace,
Dans sa vision salvatrice et la légende des lointains.
Tu t’es jeté dans les ruines de tes journées
Aujourd’hui, délivré des enseignes pompeuses
Le cœur à nu, au travers des images
De ton horreur et de ton espoir…tu brûlas, tu jetas
Ton cheval dans chaque détour… soit que tu aies rétréci
La largeur de tes vues superbes pour les gueux,
Que tu aies exalté aux dimensions de l’histoire du monde
Jailli hors de toi-même, et jamais à l’affût
De ton bonheur, ni soucieux d’une vaine durée.
Dans l’amoncellement des masses d’ordures
Ta volonté s’est contrainte à fouiller, pour saisir,
Pour savoir, pour expier ton
Ardeur créatrice dans le sacrifice mortelle des apparences.
Toi, tenté comme pas un parmi les chimériques
Par les murmures de cieux, et par les fêtes
Plus brûlantes, les contes, les ivresses captivées…
Plus déchiré que nous par le chant des sirènes :
Faveur, pouvoir! Proclamer, exercer
Ta faveur et ton pouvoir dans le trouble frivole
Devant les prestiges du spectacle, au-dessus des abîmes,
Tu te l’es interdit, comme le plus médiocre des péchés…
Tu préfères mettre en pièce les tentures
Trop belles, et la pompe divine
Qui apaise, avant que le combat n’ait commencé.
La VÉRITÉ après le coucher des soleils
Arrachée aux illusions égorgées,
Sans salaire de l’au-delà, et parmi les larmes
Qu’un homme doit cacher à son prochain lui-même…
La vérité, dans les tumultes envoûtés,
Qui l’apprennent afin de l’échanger
Contre une foi nouvelle, ou pour la déchiqueter…
La vérité, sans le repos d’oreillers moisis
Ni remâchage de morceaux taillés d’avance…
La vérité, ou la dignité même est nue,
Lourd fardeau sur la nuque, tout ce poids
Des idoles renversées, et la pesanteur
Du firmament vidé en guise d’enfer,
Tu l’as portée, du fond du sol, à travers mille portes,
Guides dédaignant de mentir sur le but du voyage.
Et nous, doutant de tout centre immuable,
Bénissons, bien avant le but, telles démarches,
Avant l’agencement des phrases, ta voix pure,
Ton sourire réconfortant de fidélité
Élancée, vigilante, dans sa fureur… et nous osons poser
Pour l’amour de toi, les questions sans réponses.
-Friedrich Gundolf, Gedichte, 1930.
MAX WEBER
Que nulle brume débordante ne se déverse
À travers les décennies qui maintenant usent de nous
Quelqu’un soumit encore les beaux et les héro
Par son verbe d’amour, de malédiction, de menace,
Dans sa vision salvatrice et la légende des lointains.
Tu t’es jeté dans les ruines de tes journées
Aujourd’hui, délivré des enseignes pompeuses
Le cœur à nu, au travers des images
De ton horreur et de ton espoir…tu brûlas, tu jetas
Ton cheval dans chaque détour… soit que tu aies rétréci
La largeur de tes vues superbes pour les gueux,
Que tu aies exalté aux dimensions de l’histoire du monde
Jailli hors de toi-même, et jamais à l’affût
De ton bonheur, ni soucieux d’une vaine durée.
Dans l’amoncellement des masses d’ordures
Ta volonté s’est contrainte à fouiller, pour saisir,
Pour savoir, pour expier ton
Ardeur créatrice dans le sacrifice mortelle des apparences.
Toi, tenté comme pas un parmi les chimériques
Par les murmures de cieux, et par les fêtes
Plus brûlantes, les contes, les ivresses captivées…
Plus déchiré que nous par le chant des sirènes :
Faveur, pouvoir! Proclamer, exercer
Ta faveur et ton pouvoir dans le trouble frivole
Devant les prestiges du spectacle, au-dessus des abîmes,
Tu te l’es interdit, comme le plus médiocre des péchés…
Tu préfères mettre en pièce les tentures
Trop belles, et la pompe divine
Qui apaise, avant que le combat n’ait commencé.
La VÉRITÉ après le coucher des soleils
Arrachée aux illusions égorgées,
Sans salaire de l’au-delà, et parmi les larmes
Qu’un homme doit cacher à son prochain lui-même…
La vérité, dans les tumultes envoûtés,
Qui l’apprennent afin de l’échanger
Contre une foi nouvelle, ou pour la déchiqueter…
La vérité, sans le repos d’oreillers moisis
Ni remâchage de morceaux taillés d’avance…
La vérité, ou la dignité même est nue,
Lourd fardeau sur la nuque, tout ce poids
Des idoles renversées, et la pesanteur
Du firmament vidé en guise d’enfer,
Tu l’as portée, du fond du sol, à travers mille portes,
Guides dédaignant de mentir sur le but du voyage.
Et nous, doutant de tout centre immuable,
Bénissons, bien avant le but, telles démarches,
Avant l’agencement des phrases, ta voix pure,
Ton sourire réconfortant de fidélité
Élancée, vigilante, dans sa fureur… et nous osons poser
Pour l’amour de toi, les questions sans réponses.
-Friedrich Gundolf, Gedichte, 1930.
dimanche, mai 08, 2005
Les lettres de Heidelberg
Voici quelques extraits des Heidelbergi Levelek de Karl Mannheim qu'il a publié en automne 1921 dans une revue hongroise en exil. Ce sont mes traductions personnelles de la version allemande. Ce texte a récemment été traduit en anglais, mais il n'existe aucune version française. Exilé hongrois en 1921, Karl Mannheim arrive à Heidelberg et observe son environnement intellectuel.
"J’ai le sentiment du dehors d’être un étranger, comme un éclaireur envoyé de l’avant, comme un observateur isolé (vorgeschobener) d’un petit groupe d’hommes qui surveillent si à quelque part quelque chose se manifeste, s’il y a des hommes hors de leur demeure. Lorsque les hommes sont ensemble, je suis là aussi ; lorsqu’ils apprennent, j’apprends avec eux ; et je souhaiterais vivre et m’installer parmi eux mais pourtant je ne trouve pas ma place."
"De par ses signes nous pourrons apercevoir les caractéristiques d'une petite et mince couche d'hommes que sont les intellectuels progressistes allemands d'aujourd'hui. Il en a toujours été ainsi que nous, écrivains, nous en faisons partie d'une quelconque façon; et que lorsque nous écrivons, nous examinons sans toujours le savoir les opinions et les préjugés de notre caste particulière et lorsque nous prétendons écrire l'histoire des intellectuels, nous racontons non seulement l'aventure de quelques " pionniers " (Voraneilender), mais nous y participons en même temps que nous formons avec ces quelques hommes le centre du monde."
"Comment est-il possible que l’on puisse voir dans une petite ville de province l’âme de la grande Allemagne ? Le fondement (de cette question) repose communément sur une décentralisation culturelle de l’Allemagne. Les différents courants de pensée ne sont pas du même groupe d’individus cultivés d’un seul lieu ou d’une grande ville ; les nouvelles pensées, sensations ou expériences trouvent plutôt leurs points d’entrée dans de nombreuses petites villes dispersées dans les provinces. Le tout provient de traditions multiples, de plusieurs origines locales. La province et la petite ville ne sont pas le dernier lieu périphérique ou déclinant du rayonnement de la vie d’un centre culturel, mais plutôt son point d’origine."
"La communauté georgienne est vue de l’intérieur comme un laboratoire pour intellectuels en devenir dans la société d’aujourd’hui, en tant que solution à un problème " d’exil intellectuel et spirituel ". Sa finalité réside dans la fermeture d’esprit, pensant avoir trouvé par ses sentiments un fondement avec lequel elle peut s’endormir. Elle s’est refermée et s’est enveloppée dans le contenu de la culture et- en excluant du même coup les choses de ce monde- elle s’est aliénée elle-même ".
"J’ai le sentiment du dehors d’être un étranger, comme un éclaireur envoyé de l’avant, comme un observateur isolé (vorgeschobener) d’un petit groupe d’hommes qui surveillent si à quelque part quelque chose se manifeste, s’il y a des hommes hors de leur demeure. Lorsque les hommes sont ensemble, je suis là aussi ; lorsqu’ils apprennent, j’apprends avec eux ; et je souhaiterais vivre et m’installer parmi eux mais pourtant je ne trouve pas ma place."
"De par ses signes nous pourrons apercevoir les caractéristiques d'une petite et mince couche d'hommes que sont les intellectuels progressistes allemands d'aujourd'hui. Il en a toujours été ainsi que nous, écrivains, nous en faisons partie d'une quelconque façon; et que lorsque nous écrivons, nous examinons sans toujours le savoir les opinions et les préjugés de notre caste particulière et lorsque nous prétendons écrire l'histoire des intellectuels, nous racontons non seulement l'aventure de quelques " pionniers " (Voraneilender), mais nous y participons en même temps que nous formons avec ces quelques hommes le centre du monde."
"Comment est-il possible que l’on puisse voir dans une petite ville de province l’âme de la grande Allemagne ? Le fondement (de cette question) repose communément sur une décentralisation culturelle de l’Allemagne. Les différents courants de pensée ne sont pas du même groupe d’individus cultivés d’un seul lieu ou d’une grande ville ; les nouvelles pensées, sensations ou expériences trouvent plutôt leurs points d’entrée dans de nombreuses petites villes dispersées dans les provinces. Le tout provient de traditions multiples, de plusieurs origines locales. La province et la petite ville ne sont pas le dernier lieu périphérique ou déclinant du rayonnement de la vie d’un centre culturel, mais plutôt son point d’origine."
"La communauté georgienne est vue de l’intérieur comme un laboratoire pour intellectuels en devenir dans la société d’aujourd’hui, en tant que solution à un problème " d’exil intellectuel et spirituel ". Sa finalité réside dans la fermeture d’esprit, pensant avoir trouvé par ses sentiments un fondement avec lequel elle peut s’endormir. Elle s’est refermée et s’est enveloppée dans le contenu de la culture et- en excluant du même coup les choses de ce monde- elle s’est aliénée elle-même ".
mardi, mai 03, 2005
Précisions terminologiques
Récemment, certaines personnes m'ont interrogé concernant la signification du titre de mon blogue (Ou "ologue" comme le dit VBG qui est un type de blogues plus meilleur que les autres).
Entzauberung : signifie "désenchantement". Max Weber emploie le terme "Entzauberung des Welt" (désenchantement du monde) qui fut d'abord un terme utilisé par Schiller (ou Goethe, je ne suis pas sûr). Selon J-P. Grossein :
"À partir du moment où l'on a compris que la notion de désenchantement du monde n'a rien à voir avec l'idée d'une désillusion ou d'un désappointement, cette traduction n'est, tout compte fait, pas si mauvaise pour désigner un processus de refoulement et d'élimination de la magie, soit dans le champ de la maîtrise théorique et pratique du monde (d'un jardin enchanté, le monde devient un mécanisme soumis à la causalité), soit dans le champ religieux où les conceptions et les techniques magiques du Salut sont récusées principiellement"
- M. Weber, Sociologie des religions.
Wirklichkeit : les hégéliens pourront en dire plus long que moi sur les usages de ce terme. Il signifie bien sûr "réalité", mais on traduit quelque fois par "effectivité". Chez Hegel, le réel est compris comme étant rationnel. Chez les romantiques allemands par contre, le réel est fondamentalement irrationnel parce qu'il réfère à la "vie" comme une entité qui n'est pas réductible au rationnel, défini comme un flux mouvant et insaisissable. Cette conception irrationnelle de la réalité est aussi le propre d'un certain courant positiviste néo-kantien qui postule que la réalité historique est une "masse d'événements chaotiques et sans significations a priori". Ou autrement dit, une réalité qui est irréductible à toutes tentatives de comprendre l'histoire comme étant soumise à une force supérieure indépendante de la volonté humaine (la philosophie de l'histoire).
Entzauberung : signifie "désenchantement". Max Weber emploie le terme "Entzauberung des Welt" (désenchantement du monde) qui fut d'abord un terme utilisé par Schiller (ou Goethe, je ne suis pas sûr). Selon J-P. Grossein :
"À partir du moment où l'on a compris que la notion de désenchantement du monde n'a rien à voir avec l'idée d'une désillusion ou d'un désappointement, cette traduction n'est, tout compte fait, pas si mauvaise pour désigner un processus de refoulement et d'élimination de la magie, soit dans le champ de la maîtrise théorique et pratique du monde (d'un jardin enchanté, le monde devient un mécanisme soumis à la causalité), soit dans le champ religieux où les conceptions et les techniques magiques du Salut sont récusées principiellement"
- M. Weber, Sociologie des religions.
Wirklichkeit : les hégéliens pourront en dire plus long que moi sur les usages de ce terme. Il signifie bien sûr "réalité", mais on traduit quelque fois par "effectivité". Chez Hegel, le réel est compris comme étant rationnel. Chez les romantiques allemands par contre, le réel est fondamentalement irrationnel parce qu'il réfère à la "vie" comme une entité qui n'est pas réductible au rationnel, défini comme un flux mouvant et insaisissable. Cette conception irrationnelle de la réalité est aussi le propre d'un certain courant positiviste néo-kantien qui postule que la réalité historique est une "masse d'événements chaotiques et sans significations a priori". Ou autrement dit, une réalité qui est irréductible à toutes tentatives de comprendre l'histoire comme étant soumise à une force supérieure indépendante de la volonté humaine (la philosophie de l'histoire).
dimanche, mai 01, 2005
La poésie ténébreuse de Bashung
Jamais d'autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes
En dépit des mutilations d'arbre à la tombée de la nuit
Jamais d'autre que toi ne poursuivra son chemin qui
est le mien
Plus tu t'éloignes plus ton ombre s'agrandit
Jamais d'autre que toi ne saluera la mer à l'aube quand
fatigué d'erre moi dans les forêt ténébreuses et
des buissons d'orties je marcherai vers l'écume
Jamais d'autre que toi ne posera sa main sur mon front
et mes yeux
Jamais d'autre que toi et je nie le mensonge et l'infidélité
Ce navire à l'encre tu peux couper sa corde
Jamais d'autre que toi
L'aigle prisonnier dans une cage ronge lentement les
barreaux de cuivre vert-de-grisés
Quelle évasion!
C'est le dimanche marqué par le chant des rossignols
dans les bois d'un vert tendre l'ennui des petites
filles en présence d'une cage où s'agite un serin
tandis que dans la rue solitaire le soleil lentement
déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud
Nous passerons d'autres lignes
Jamais jamais d'autre que toi
Et moi seul seul comme le lierre fané des jardins
de banlieue seul comme le verre
Et toi jamais d'autre que toi
-Alain Bashung, Jamais d'autre que toi
sur son CD "L'imprudence".
En dépit des mutilations d'arbre à la tombée de la nuit
Jamais d'autre que toi ne poursuivra son chemin qui
est le mien
Plus tu t'éloignes plus ton ombre s'agrandit
Jamais d'autre que toi ne saluera la mer à l'aube quand
fatigué d'erre moi dans les forêt ténébreuses et
des buissons d'orties je marcherai vers l'écume
Jamais d'autre que toi ne posera sa main sur mon front
et mes yeux
Jamais d'autre que toi et je nie le mensonge et l'infidélité
Ce navire à l'encre tu peux couper sa corde
Jamais d'autre que toi
L'aigle prisonnier dans une cage ronge lentement les
barreaux de cuivre vert-de-grisés
Quelle évasion!
C'est le dimanche marqué par le chant des rossignols
dans les bois d'un vert tendre l'ennui des petites
filles en présence d'une cage où s'agite un serin
tandis que dans la rue solitaire le soleil lentement
déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud
Nous passerons d'autres lignes
Jamais jamais d'autre que toi
Et moi seul seul comme le lierre fané des jardins
de banlieue seul comme le verre
Et toi jamais d'autre que toi
-Alain Bashung, Jamais d'autre que toi
sur son CD "L'imprudence".
jeudi, avril 28, 2005
La nostalgie des causes perdues
Je me suis toujours laissé envahir par un désir de ne considérer que le monde qu'avec des yeux d'un antiquaire. Ce qui ne veut pas dire que le passé a prééminence sur le présent et ce qui ne fait pas de moi un espèce de réactionnaire qui regarde avec nostalgie une époque révolue. Je ne pense pas également, aux dires de certains, qu'un progressiste doit s'attacher à conserver ce qui existe déjà : c'est précisément ce genre d'attitude qui fait du progressiste un virulent réactionnaire. Certes, croire que tout est dans le présent et qu'il n'y a rien à apprendre du passé est naïf. Mais à l'inverse, croire qu'en renouant entièrement avec l'historicité du genre humain on pourrait mieux mesurer notre "contemporanéïté" ne revient qu'à invalider cette historicité pour sombrer dans une philosophie de l'histoire naïve. Kracauer résume bien ma pensée ici :
"The historian is not just the son of his time in the sense that his outlook could be defined in terms of contemporary influences. Nor is his conception of the past necessarily an expression of present interest, present thought; or rather, if it is, his agressiveness may cause the past to withdraw from him. The historian's mind is in a measure capable to moving about a liberty. And to the extent that he make use of this freedom he may indeed come face to face with things past"
- Siegfried Kracauer. History. The last things before the Last.
La position de l'antiquaire, c'est justement de faire face aux choses du passé, mais sans prétendre se les approprier pour les ramener dans le présent. Il n'a pas à ressentir les sensations du passé. L'homme du présent confronte le passé sans se laisser habiter par lui parce que, au fond de lui, il lui est complètement étranger.
"The historian is not just the son of his time in the sense that his outlook could be defined in terms of contemporary influences. Nor is his conception of the past necessarily an expression of present interest, present thought; or rather, if it is, his agressiveness may cause the past to withdraw from him. The historian's mind is in a measure capable to moving about a liberty. And to the extent that he make use of this freedom he may indeed come face to face with things past"
- Siegfried Kracauer. History. The last things before the Last.
La position de l'antiquaire, c'est justement de faire face aux choses du passé, mais sans prétendre se les approprier pour les ramener dans le présent. Il n'a pas à ressentir les sensations du passé. L'homme du présent confronte le passé sans se laisser habiter par lui parce que, au fond de lui, il lui est complètement étranger.
dimanche, avril 24, 2005
Un peu de Borges pour rendre hommage à Benoit XVI
"Le jardin dévasté, les calices et les autels profanés, les Huns entrèrent à cheval dans la bibliothèque du couvent, déchirèrent les livres incompréhensibles, les abominèrent et les brûlèrent, craignant que peut être les lettres ne recélassent des blasphèmes contre leur dieu, qui était un cimeterre en fer".
-Borges, les théologiens.
Mais résumons l'histoire : Deux théologiens, Aurélien et Jean de Pannonie se livrent à un formidable duel théologique au sujet de la réfutation d'une secte chrétienne hérétique, les monotones, qui "professait que l'histoire était un cercle et qu'il n'est rien qui n'est déjà existé et qui un jour ne sera". Aurélien finit par contredire Jean de Pannonie au sujet de cette réfutation, qui valut à ce dernier d'être condamné au bûcher. Aurélien, à son tour, mourrut par la foudre qui incendia un arbre. La fin de l'histoire est susceptible d'intéresser notre nouveau pape.
"La fin de l'histoire ne peut être rapportée qu'en métaphores, car elle se passe au royaume des cieux, où le temps n'existe pas. Peut-être y aurait-il lieu de dire qu'Aurélien s'entretint avec Dieu et que celui-ci porte si peu d'intérêts au différends en matière de religion qu'il le prit pour Jean de Pannonie. Mais cela ferait croire à de la confusion dans l'esprit divin. Il est plus correct de dire qu'au paradis, Aurélien apprit que pour l'insondable divinité lui et Jean de Pannonie (l'orthodoxe et l'hérétique, celui qui haïssait et celui qui était haï, l'accusateur et la victime), étaient une même personne".
-Borges, les théologiens.
Mais résumons l'histoire : Deux théologiens, Aurélien et Jean de Pannonie se livrent à un formidable duel théologique au sujet de la réfutation d'une secte chrétienne hérétique, les monotones, qui "professait que l'histoire était un cercle et qu'il n'est rien qui n'est déjà existé et qui un jour ne sera". Aurélien finit par contredire Jean de Pannonie au sujet de cette réfutation, qui valut à ce dernier d'être condamné au bûcher. Aurélien, à son tour, mourrut par la foudre qui incendia un arbre. La fin de l'histoire est susceptible d'intéresser notre nouveau pape.
"La fin de l'histoire ne peut être rapportée qu'en métaphores, car elle se passe au royaume des cieux, où le temps n'existe pas. Peut-être y aurait-il lieu de dire qu'Aurélien s'entretint avec Dieu et que celui-ci porte si peu d'intérêts au différends en matière de religion qu'il le prit pour Jean de Pannonie. Mais cela ferait croire à de la confusion dans l'esprit divin. Il est plus correct de dire qu'au paradis, Aurélien apprit que pour l'insondable divinité lui et Jean de Pannonie (l'orthodoxe et l'hérétique, celui qui haïssait et celui qui était haï, l'accusateur et la victime), étaient une même personne".
dimanche, avril 17, 2005
Contre l'interprétation
Je réponds à mes lecteurs fictifs concernant mon manque de volonté de commenter longuement mes citations. Il y a un philosophe quelconque qui a dit un jour qu'une citation se passe souvent de commentaire parce qu'elle est déjà un commentaire en soi. Ce que je cite, je le pense en général, mais pas tout le temps. Il se peut même que je vous trompe en faisant mienne telle ou telle citation. J'ai cité De Quincey parce qu'il dépeint Kant comme un grand homme ayant des petites habitudes et des lubies totalement insignifiantes. J'ai cité Nietzsche parce que je le lisais dans le métro et que je trouvais ses tournures de phrases charmantes. J'ai aimé la citation de Machiavel parce qu'il nous montre que la vulgarité est inséparable de l'activité philosophique. Il m'arrive de commenter parfois mes penchants politiques ( dans le cas de Koestler par exemple). Mais ne me demandez pas de vous étaler à tous les coups mes états d'âmes. Ce blogue est vigoureusement méta-politique : mon objectif n'est pas de m'immiscer dans l'univers de la Doxa comme le fait tant d'autres, mais de partager ma sensibilité esthétique et ce, même si je le fais à un niveau très superficiel. Voilà!
dimanche, avril 10, 2005
Kant: un philosophe méticuleux
Kant lorsqu'il se met au lit :
"Une longue pratique lui avait enseigné un mode très adroit de se nicher et de s'envelopper dans les draps. En premier lieu, il s'asseyait au bord du lit; puis, d'un mouvement agile, il se glissait obliquement dans son repaire; puis il tirait un coin des draps sous son épaule gauche, et le faisait passer sous son dos pour qu'il reposa sur son épaule droite; en quatrième lieu, par un tour d'adresse tout particulier, il procédait de la même façon avec l'autre coin; et il parvenait enfin à s'enrouler autour de toute sa personne. Ainsi enveloppé comme une momie ou (ainsi que je lui disais souvent), comme un ver de soie dans son cocon, il attendait l'arrivée du sommeil, qui d'ordinaire survenait aussitôt. Car la santé de Kant était parfaite. (...) Aussi, quand il était empaqueté pour la nuit de la manière que je viens de décrire, il s'écriait souvent tout seul : "peut-on concevoir un être humain qui ait une santé aussi parfaite que la mienne"".
Kant et ses bas, une invention hors du commun :
À cet exemple, s'illustre l'idée que Kant se fait de l'économie animale, on pourrait tout aussi bien rajouter un autre détail qui est que, par crainte d'obstruer la circulation du sang, il ne portait jamais de jarretières; et pourtant, comme il lui était difficile de garder ses bas tirés sans cela, il avait inventé un substitut des plus élaborés, que je m'en vais décrire. Dans une poche, un peu plus menue qu'un gousset de montre, mais occupant exactement la même position en haut des cuisses, était placée une petite boîte, assez semblable à un boîtier de montre, mais de moindre grosseur; dans cette boîte était introduit un ressort de montre fixé sur une roue, autour de laquelle était enroulée une cordelette élastique, dont la force était réglée par un mécanisme particulier. Aux deux extrémités de cette cordelette étaient attachés des crochets, lesquels passaient à travers une petite ouverture dans les poches et, descendant le long de la face interne et externe de la cuisse, allaient saisir deux boucles fixées de chaque côté du bas. Comme on peut s'y attendre, un dispositif aussi complexe s'exposait, comme le système céleste de Ptolémée, à d'occasionnels dérangements; mais, par chance, je fus aisément en mesure de fournir un remède à de tels désordres, qui sinon auraient menacé de perturber le confort, et même la sérénité, du grand homme."
De Quicey. Les derniers jours d'Émmanuel Kant.
"Une longue pratique lui avait enseigné un mode très adroit de se nicher et de s'envelopper dans les draps. En premier lieu, il s'asseyait au bord du lit; puis, d'un mouvement agile, il se glissait obliquement dans son repaire; puis il tirait un coin des draps sous son épaule gauche, et le faisait passer sous son dos pour qu'il reposa sur son épaule droite; en quatrième lieu, par un tour d'adresse tout particulier, il procédait de la même façon avec l'autre coin; et il parvenait enfin à s'enrouler autour de toute sa personne. Ainsi enveloppé comme une momie ou (ainsi que je lui disais souvent), comme un ver de soie dans son cocon, il attendait l'arrivée du sommeil, qui d'ordinaire survenait aussitôt. Car la santé de Kant était parfaite. (...) Aussi, quand il était empaqueté pour la nuit de la manière que je viens de décrire, il s'écriait souvent tout seul : "peut-on concevoir un être humain qui ait une santé aussi parfaite que la mienne"".
Kant et ses bas, une invention hors du commun :
À cet exemple, s'illustre l'idée que Kant se fait de l'économie animale, on pourrait tout aussi bien rajouter un autre détail qui est que, par crainte d'obstruer la circulation du sang, il ne portait jamais de jarretières; et pourtant, comme il lui était difficile de garder ses bas tirés sans cela, il avait inventé un substitut des plus élaborés, que je m'en vais décrire. Dans une poche, un peu plus menue qu'un gousset de montre, mais occupant exactement la même position en haut des cuisses, était placée une petite boîte, assez semblable à un boîtier de montre, mais de moindre grosseur; dans cette boîte était introduit un ressort de montre fixé sur une roue, autour de laquelle était enroulée une cordelette élastique, dont la force était réglée par un mécanisme particulier. Aux deux extrémités de cette cordelette étaient attachés des crochets, lesquels passaient à travers une petite ouverture dans les poches et, descendant le long de la face interne et externe de la cuisse, allaient saisir deux boucles fixées de chaque côté du bas. Comme on peut s'y attendre, un dispositif aussi complexe s'exposait, comme le système céleste de Ptolémée, à d'occasionnels dérangements; mais, par chance, je fus aisément en mesure de fournir un remède à de tels désordres, qui sinon auraient menacé de perturber le confort, et même la sérénité, du grand homme."
De Quicey. Les derniers jours d'Émmanuel Kant.
jeudi, avril 07, 2005
Nietzsche dit de ces choses parfois...
"L'histoire ne peut être supportée que par les fortes personnalités; les personnalités faibles, elle achève de les effacer".
"Rien n'agit plus sur les personnalités que lorsqu'on les a ainsi effacées, jusqu'à en faire disparaître à jamais le sujet, ou, comme on dit, lorsqu'on les a ainsi réduites à l'objectivité".
"La culture historique de nos critiques ne permet pas du tout qu'il y ait un effet au sens propre, c'est-à-dire une influence sur la vie et l'action. Sur l'écriture la plus noire, ces critiques appliquent aussitôt leur papier buvard, ils barbouillent le dessin le plus agréable de gros traits de pinceau, et veulent faire prendre ceux-ci pour corrections. (...) C'est justement dans ce que leurs effusions critiques ont de démesuré, dans leur incapacité de se dominer, dans ce que les Romains appelent l'impotentia, que se révèle la faiblesse de la personnalité moderne".
- Nietzsche, Deuxième considération intempestive.
"Rien n'agit plus sur les personnalités que lorsqu'on les a ainsi effacées, jusqu'à en faire disparaître à jamais le sujet, ou, comme on dit, lorsqu'on les a ainsi réduites à l'objectivité".
"La culture historique de nos critiques ne permet pas du tout qu'il y ait un effet au sens propre, c'est-à-dire une influence sur la vie et l'action. Sur l'écriture la plus noire, ces critiques appliquent aussitôt leur papier buvard, ils barbouillent le dessin le plus agréable de gros traits de pinceau, et veulent faire prendre ceux-ci pour corrections. (...) C'est justement dans ce que leurs effusions critiques ont de démesuré, dans leur incapacité de se dominer, dans ce que les Romains appelent l'impotentia, que se révèle la faiblesse de la personnalité moderne".
- Nietzsche, Deuxième considération intempestive.
lundi, mars 28, 2005
Arthur Koestler a dit
Dans Les militants, (ouvrage republié aux Milles et une Nuit), on retrouve ces trois énoncés prononcés par Arthur Koestler lorsqu'il décida de quitter le parti communiste en 1937:
"Il n'est pas de mouvement, de parti ni d'individu qui puisse se prévaloir de l'infallibilité; Il est ausi absurde de vouloir pratiquer l'apaisement avec l'ennemi que de persécuter l'ami qui poursuit les mêmes fins que vous par voies différentes; Une vérité nuisible est préférable à un mensonge utile".
Bien que la formule soit aujourd'hui banale, je l'ai gravée depuis fort longtemps dans ma mémoire et elle guide à plusieurs égards ma propre conduite aujourd'hui, à la fois dans le domaine politique et dans le domaine plus privé de mon existence. C'est le genre de citation que l'on aime intérioriser parce que l'on sait pertinemment qu'elle nous servira un jour ou l'autre.
"Il n'est pas de mouvement, de parti ni d'individu qui puisse se prévaloir de l'infallibilité; Il est ausi absurde de vouloir pratiquer l'apaisement avec l'ennemi que de persécuter l'ami qui poursuit les mêmes fins que vous par voies différentes; Une vérité nuisible est préférable à un mensonge utile".
Bien que la formule soit aujourd'hui banale, je l'ai gravée depuis fort longtemps dans ma mémoire et elle guide à plusieurs égards ma propre conduite aujourd'hui, à la fois dans le domaine politique et dans le domaine plus privé de mon existence. C'est le genre de citation que l'on aime intérioriser parce que l'on sait pertinemment qu'elle nous servira un jour ou l'autre.
dimanche, mars 27, 2005
Pâque
Au commencement était le Verbe
et le Verbe était auprès de Dieu
et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu
Tout fut par lui,
et sans lui rien ne fut
Ce qui fut en lui était la vie,
et la vie était la lumière des hommes,
et la lumière luit dans les ténèbres
et les ténèbres ne l'ont pas saisie.
Il y eut un homme envoyé de Dieu;
son nom était Jean.
Il vint pour témoigner,
pour rendre témoignage à la lumière,
afin que tous crussent par luié
Celui-là n'était pas la lumière,
mais il avait à rendre témoignage à la lumière.
Il était la lumière véritable,
qui éclaire tout homme,
venant de ce monde.
Il était dans le monde,
et le monde fut par lui,
et le monde ne l'as pas reconnu.
Il était venu chez lui,
et les siens ne l'ont pas accueilli.
Mais à tous ceux qui l'ont accueilli,
il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu,
à ceux qui croient en son nom,
eux qui ne furent ni engendré du sang,
ni d'un vouloir de la chair,
ni d'un vouloir d'homme,
mais de Dieu.
Et le Verbe s'est fait chair
et il a campé parmi nous,
et nous avons contemplé sa gloire,
gloire qu'il tient du Père comme Unique-Engendré,
pleine de grâce et de vérité.
Jean lui rend hommage et s'écrie:
"C'est de lui que j'ai dit:
Celui qui vient derrière moi,
le voilà passé devant moi,
parce que avant moi il était".
Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu,
et grâce pour grâce.
Car la Loi fut donné par l'entremise de Moïse,
la grâce et la vérité advinrent par l'entremise de Jesus Christ.
Nul n'as jamais vu Dieu;
le Fils Unique-Engendré,
qui est dans le sein du Père,
lui, l'as fait connaître.
- Évangile selon Saint-Jean, Prologue.
et le Verbe était auprès de Dieu
et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu
Tout fut par lui,
et sans lui rien ne fut
Ce qui fut en lui était la vie,
et la vie était la lumière des hommes,
et la lumière luit dans les ténèbres
et les ténèbres ne l'ont pas saisie.
Il y eut un homme envoyé de Dieu;
son nom était Jean.
Il vint pour témoigner,
pour rendre témoignage à la lumière,
afin que tous crussent par luié
Celui-là n'était pas la lumière,
mais il avait à rendre témoignage à la lumière.
Il était la lumière véritable,
qui éclaire tout homme,
venant de ce monde.
Il était dans le monde,
et le monde fut par lui,
et le monde ne l'as pas reconnu.
Il était venu chez lui,
et les siens ne l'ont pas accueilli.
Mais à tous ceux qui l'ont accueilli,
il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu,
à ceux qui croient en son nom,
eux qui ne furent ni engendré du sang,
ni d'un vouloir de la chair,
ni d'un vouloir d'homme,
mais de Dieu.
Et le Verbe s'est fait chair
et il a campé parmi nous,
et nous avons contemplé sa gloire,
gloire qu'il tient du Père comme Unique-Engendré,
pleine de grâce et de vérité.
Jean lui rend hommage et s'écrie:
"C'est de lui que j'ai dit:
Celui qui vient derrière moi,
le voilà passé devant moi,
parce que avant moi il était".
Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu,
et grâce pour grâce.
Car la Loi fut donné par l'entremise de Moïse,
la grâce et la vérité advinrent par l'entremise de Jesus Christ.
Nul n'as jamais vu Dieu;
le Fils Unique-Engendré,
qui est dans le sein du Père,
lui, l'as fait connaître.
- Évangile selon Saint-Jean, Prologue.
jeudi, mars 10, 2005
Hommage à Merleau-Ponty
"L'originaire n'est pas d'un seul type, il n'est pas tout derrière nous; la restitution du passé vrai, de la préexistence n'est pas toute la philosophie; le vécu n'est pas plat sans profondeur, sans dimension, ce n'est pas une couche opaque à laquelle nous aurions à nous confondre; l'appel à l'originaire va dans plusieurs directions : l'originaire éclate, et la philosophie doit accompagner cet éclatement, cette non-coïncidence, cette différenciation"
"À l'égard de l'essence comme du fait, il n'est que de se placer dans l'être dont on traite, au lieu de le regarder du dehors, ou bien, ce qui revient au même, il n'est que de le remettre dans le tissu de notre vie, d'assister du dedans à la dehiscence, analogue à celle de mon corps, qui l'ouvre à lui-même et nous ouvre à lui, et qui, s'agissant de l'essence, est celle du parler et du penser"
- Le visible et l'invisible (1959).
"La vision n'est pas un certain mode de la pensée ou présence à soi : c'est le moyen qui m'est donné d'être absent de moi-même, d'assister du dedans à la fission de l'être, au terme de laquelle seulement je me ferme sur moi"
- L'oeil et l'esprit (1960).
"À l'égard de l'essence comme du fait, il n'est que de se placer dans l'être dont on traite, au lieu de le regarder du dehors, ou bien, ce qui revient au même, il n'est que de le remettre dans le tissu de notre vie, d'assister du dedans à la dehiscence, analogue à celle de mon corps, qui l'ouvre à lui-même et nous ouvre à lui, et qui, s'agissant de l'essence, est celle du parler et du penser"
- Le visible et l'invisible (1959).
"La vision n'est pas un certain mode de la pensée ou présence à soi : c'est le moyen qui m'est donné d'être absent de moi-même, d'assister du dedans à la fission de l'être, au terme de laquelle seulement je me ferme sur moi"
- L'oeil et l'esprit (1960).
dimanche, mars 06, 2005
La science de la déduction
D'une goutte d'eau, le logicien pourrait inférer la possibilité d'un océan Atlantique ou d'un Niagara, sans avoir vu ni l'un ni l'autre, ni même en avoir entendu parler. Ainsi, toute la vie est une longue chaîne dont chaque anneau donne le sens. Comme toutes les autres sciences, la science de la déduction et de l'analyse ne peut s'acquérir qu'au prix de longues et patientes études; du reste, notre vie est trop brève pour nous permettre d'atteindre à la perfection. Avant de se tourner vers les aspects moraux et intellectuels du sujet, où résident les plus grandes difficultés, le chercheur commencera par triompher des problèmes les plus simples. Qu'il apprenne à deviner au premier coup d'oeil l'histoire d'un homme et la profession ou le métier qu'il exerce! Si puéril puisse paraître cette faculté, il aiguise nos facultés d'observation; il nous apprend à regarder et à voir. Les ongles, la manche du vêtement, les chaussures, les genoux du pantalon, les durillons du pouce et de l'index, les manchettes de chemise, l'expression du visage, voilà autant d'indications certaines sur le métier qu'exerce un homme. Il serait inconcevable qu'assemblées, elles ne parvinssent pas à renseigner un chercheur compétent.
- Sherlock Holmes, aux alentours de 1880, Étude en rouge.
- Sherlock Holmes, aux alentours de 1880, Étude en rouge.
mercredi, mars 02, 2005
Une journée dans la vie de Machiavel
Je vais par la route de l'auberge; je parle avec ceux qui passent, leur demande des nouvelles de leurs pays, entends diverses choses et note les humeurs diverses et les différents caprices des hommes. L'heure du déjeuner vient sur ces entrefaites; en compagnie de ma famille, je mange la nourriture que me permettent ma pauvre ferme et mon petit patrimoine. Après que j'ai mangé, je retourne à l'auberge: il y a d'habitude l'aubergiste, un boucher, un meunier, deux chaufourniers. C'est avec eux que tout l'après-midi je m'encanaille en jouant aux cartes et au jaquet. Il s'ensuit mille contestations et d'infinis échanges d'injures; le plus souvent on se dispute pour un liard, mais on nous entend crier depuis San Casciano. C'est ainsi que plongé dans cette pouillerie, j'empêche mon cerveau de moisir et je m'épanche la malignité de mon sort, content qu'il me piétine de la sorte, pour voir s'il ne finira pas par en rougir.
- Lettre à Franscesco Vettori, 10 décembre 1513
- Lettre à Franscesco Vettori, 10 décembre 1513
vendredi, février 25, 2005
Philosophie en délire
Un Français, un Anglais, un Allemand furent chargés d'une étude sur le chameau.
Le Français alla au jardin des Plantes, y passa une demi-heure, interrogea le gardien, jeta du pain au chameau, le taquina avec le bout de son parapluie, et, rentré chez lui, écrivit, pour son journal, un feuilleton plein d'aperçus piquants et spirituels.
L'Anglais, emportant son panier à thé et un confortable matériel de campement, alla planter sa tente dans les pays d'Orient, et en rapporta, après un séjour de deux ou trois ans, un gros volume bourré de faits sans ordre ni conclusion, mais d'une réelle valeur documentaire.
Quant à l'Allemand, plein de mépris pour la frivolité du Français et l'absence d'idées générales de l'Anglais, il s'enferma dans sa chambre pour y rédiger un ouvrage en plusieurs volumes, intitulé: Idée du chameau tiré de la conception du Moi.
(Le Pélerin, 1ier septembre 1929, p. 13).
Le Français alla au jardin des Plantes, y passa une demi-heure, interrogea le gardien, jeta du pain au chameau, le taquina avec le bout de son parapluie, et, rentré chez lui, écrivit, pour son journal, un feuilleton plein d'aperçus piquants et spirituels.
L'Anglais, emportant son panier à thé et un confortable matériel de campement, alla planter sa tente dans les pays d'Orient, et en rapporta, après un séjour de deux ou trois ans, un gros volume bourré de faits sans ordre ni conclusion, mais d'une réelle valeur documentaire.
Quant à l'Allemand, plein de mépris pour la frivolité du Français et l'absence d'idées générales de l'Anglais, il s'enferma dans sa chambre pour y rédiger un ouvrage en plusieurs volumes, intitulé: Idée du chameau tiré de la conception du Moi.
(Le Pélerin, 1ier septembre 1929, p. 13).
lundi, février 21, 2005
JSM a dit...
Le grand John Stuart Mill a écrit :
Originality is the one thing which unoriginal mind cannot feel the use of. They cannot see what it is to do for them: how the should they? If they could see what it would do for them, it would not be originality. The first service which originality has to render them, is that of opening their eyes: which being once fully done, they would have a chance of being themselves original.
J.S. Mill (1859).
Originality is the one thing which unoriginal mind cannot feel the use of. They cannot see what it is to do for them: how the should they? If they could see what it would do for them, it would not be originality. The first service which originality has to render them, is that of opening their eyes: which being once fully done, they would have a chance of being themselves original.
J.S. Mill (1859).
Cette citation est une gracieuseté de Augustin Simard, je le remercie.
mardi, février 15, 2005
La Bible : Un classique de la littérature
"Par le fruit de sa bouche l'homme se nourrit de ce qui est bon, mais la vie des traîtres n'est que violence" (Pr 13.2)
"Coeur intelligent recherche le savoir, la bouche des sots se repaît de folie" (Pr 15.14)
Voici deux extraits des Proverbes de l'Ancien Testament. Pour un non-croyant, une lecture de la Bible est l'équivalent d'un chef d'oeuvre de la littérature et plus particulièrement la section des "livres sapientaux", qui comprend les Proverbes, les psaumes et le cantique des cantiques. Ce dernier est selon moi une des plus belle chose qui m'a été donnée de lire. Ce livre regroupe une dizaine de poèmes ou dialogues entre deux amoureux. En voici un extrait (Ct 1.5-6) :
"Coeur intelligent recherche le savoir, la bouche des sots se repaît de folie" (Pr 15.14)
Voici deux extraits des Proverbes de l'Ancien Testament. Pour un non-croyant, une lecture de la Bible est l'équivalent d'un chef d'oeuvre de la littérature et plus particulièrement la section des "livres sapientaux", qui comprend les Proverbes, les psaumes et le cantique des cantiques. Ce dernier est selon moi une des plus belle chose qui m'a été donnée de lire. Ce livre regroupe une dizaine de poèmes ou dialogues entre deux amoureux. En voici un extrait (Ct 1.5-6) :
Je suis noire et pourtant belle, fille de Jérusalem
comme les tentes de Qédar
comme les pavillons de Selma.
Ne prenez pas garde de mon teint basané :
c'est le soleil qui m'a brûlé.
Les fils de ma mère se sont emportés contre moi,
ils m'ont mise à garder les vignes.
Ma vigne à moi, je ne l'ai avais pas gardée!
Dans la tradition juive, on ne considère pas les livres sapientaux comme des livres "inspirés" qui forment la doctrine, mais bien des livres "bon à lire" que l'on lit normalement lors des fêtes. Ce qui nous témoigne de l'importance d'une tradition littéraire qui a des accents religieux, mais n'a pas besoin d'être lu dans cette perspective. Admirons plutôt les qualités littéraires de la Bible.
lundi, février 14, 2005
14 février 2005
Début officiel de ce blogue. N'attendez pas chers lecteurs de voir ce site souvent actualisé. Je collectionne ici les belles citations avec un petit côté sombre et existentialiste, mais sans que cela tombe dans des trucs déprimants. Il faut que cela soit très littéraire ou philosophique, sans jargon ni juron. Il y a des citations avec des belles tournures qui nous font réfléchir ou qui nous étonnent. Si vous avez des belles citations à me suggérer, écrivez-moi et je les afficherai sur mon site.
Joseph K.
Joseph K.
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